Source : Ouest France
Thibault Liger-Belair est convoqué devant la justice ce mardi pour avoir refusé de traiter sa vigne contre la flavescence dorée, une jaunisse incurable de la vigne.
Un an après la relaxe d'un premier vigneron bourguignon, Thibault Liger-Belair comparaît ce mardi devant le tribunal correctionnel de Villefranche-sur-Saône pour avoir refusé de traiter ses vignes contre la flavescence dorée, une maladie mortelle pour la vigne.
Il y a une quinzaine d'années, Thibault Liger-Belair reprend le domaine familial à Nuits-Saint-Georges, en Côte-d'Or. En 2008, il décide de se développer dans le Beaujolais, à Moulin-à-Vent. C'est tout particulièrement ses vignes dans le Beaujolais qui lui valent aujourd'hui des poursuites.
En 2012, la flavescence dorée se propage sur le Mâconnais et la Saône-et-Loire devient le département le plus touché de Bourgogne.
Pour faire face à cette situation - et lutter contre l'insecte qui la propage, la cicadelle -, il est décidé, en 2013, d'imposer « une lutte obligatoire en attendant une cartographie plus précise des zones à risque », rappelle Jocelyn Dureuil-Trojanowski, à la Chambre d'agriculture de ce département.
« Une aberration administrative »
Une décision à laquelle il s'oppose et dont il doit se justifier devant la justice ce mardi. « Qu'est-ce qui m'a poussé à ne pas traiter ? D'abord une aberration administrative car mon domaine à Moulin-à-Vent se situe à cheval entre la Saône-et-Loire et le Rhône. D'un côté j'avais l'obligation de traiter, de l'autre pas », explique-t-il en montrant la route, en contrebas de ses vignes, qui sépare les deux départements.
« Cette barrière administrative n'est pas agronomique », insiste-t-il en réclamant plus de logique dans les décisions prises en préfecture.
Derrière ce refus, il y a également une forte conviction. « On a un métier de passeur, on doit donner ce qu'on a mais en meilleur état » et l'usage de ces insecticides abîme la faune, supprime des insectes utiles et crée des déséquilibres. « En 2013, nous avons vu réapparaître dans les zones traitées des dégâts provoqués par l'araignée rouge », souligne le viticulteur.
Une pétition pour soutenir le viticulteur a été lancée
Depuis sa convocation devant le tribunal en mai, le vigneron a multiplié les interventions pour expliquer sa démarche et une pétition de soutien sur le site Avaaz.org a recueilli environ 223 500 signatures.
À noter que le vigneron n'est pas un cas isolé dans la région. Si certains s'opposent à lui, estimant que la lutte contre la flavescence doit être collective, d'autres s'élèvent contre ces obligations de traitement. Un débat qui prend forme dans « Insecticide, mon amour », un documentaire deGuillaume Bodin, vigneron-cinéaste, qui fustige le recours aux pesticides.