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Appréciez-vous le pétrole dans le riesling ?

Oui, je trouve que ca lui apporte de la noblesse et de la complexité.
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Oui, j'aime plutôt bien.
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Je n'arrive pas à le sentir.
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Je ne le supporte pas et pour cette raison je n'achète jamais de riesling.
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ArnaudV
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Riesling : Le pétrole est-il un défaut ?

Messagepar ArnaudV » 25 janv. 2016 19:13

http://www.lafdv.fr/std/31-l-arome-de-petrole-est-il-un-defaut-du-riesling
C'est ce que disait il y a quelques temps le producteur rhodanien Michel Chapoutier, lors du lancement de sa gamme de vins d'Alsace. L'idée avait suscité une certaine polémique dans le monde du vin, c'est le moins qu'on puisse dire.

L'arôme de pétrole est généralement causé par le composé chimique appelé TDN (son nom complet est 1,1,6-triméthyl-1,2-dihydronaphtalène) et se développe au cours du vieillissement du vin. Certains facteurs peuvent accélérer son apparition (maturité des raisins, exposition au soleil, irrigation faible, acidité), mais il est aujourd'hui admis qu'il est caractéristique du riesling.

Certains amateurs, en particulier les consommateurs chinois, recherchent cet arôme, qui apporte de la complexité au vin et fait toute son originalité, à condition qu'il ne soit pas démesurément présent.

C'est également l'avis de Mr Chapoutier, qui tient à distinguer l'arôme de pétrole des jeunes rieslings, trop prononcé voire grossier, des notes minérales que les grands rieslings développent avec l'âge. Celui-ci est une particularité aromatique qui apporte de la richesse et de la complexité, alors que le premier serait un défaut, dans ce qu'il a d'excessif.



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Greg v
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Re: Riesling : Le pétrole est-il un défaut ?

Messagepar Greg v » 25 janv. 2016 22:38

Pas mal de monde associe les notes de pétroles dans le riesling à un défaut révélant un côté trop variétal du cépage et un certain manque de maturité. Moi j'aime bien ces notes si elles ne sont pas entêtantes ou monolithiques.



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EricC
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Re: Riesling : Le pétrole est-il un défaut ?

Messagepar EricC » 25 janv. 2016 22:53

Oui, un peu pareil, c'est comme pour tout : si la note ne domine pas, ce n'est pas un défaut pour moi, même si je n'apprécie que modérément.



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Re: Riesling : Le pétrole est-il un défaut ?

Messagepar EricC » 26 janv. 2016 00:00

Ailleurs sur le net :

- la déclaration initiale de Chapoutier sur decanter
The renowned Rhone producer, showing his new range of Alsace wines at Decanter, said ‘Riesling should never smell of petrol. That is a result of a mistake during winemaking.’
Comparing the debate over petrol aromas in Riesling to the issue of brettanomyces, Chapoutier said It is absurd that ‘historical defects in wine should be accepted as part of the character of the wine’.
Chapoutier said that the petrol characteristic, which is often prized amongst Riesling aficionados, is a result of decomposition of the veins within the grape. These veins become more fragile as the grape matures.
The vital aspect of Riesling vinification is the gentlest of pressings, often taking 12 hours, Chapoutier said, so as to avoid breakdown of the vascular structure within the grape.



- une explication un peu plus nuancée, toujours par Michel Chapoutier, sur vitabella
Il faudrait peut-être commencer par définir ce que l’on qualifie d’arôme de pétrole. On peut observer une gradation importante dans la famille de ces arômes. Les grands rieslings peuvent avoir des arômes en vieillissant que certains jugent de la famille des hydrocarbures. Je qualifierais plus souvent ces évolutions de dominantes minérales, et aussi et surtout, d’arômes de craies ( le souvenir de l’école avec l’odeur de la brosse qui efface le tableau noir). Cette signature aromatique ne se limite pas aux terroirs calcaires car elle est encore plus marquée sur les vins issus de terroirs schisteux. Pour ces arômes de craies caractéristiques des grands alsaces comme les Clos St Hune ou les grands rieslings de Mosel ou de la Nahe, je trouverais dégradant et réducteur de
réduire ces minéralités à une odeur de pétrole. Lorsque je parle d’odeur de pétrole dans certains Riesling (que certains consommateurs adorent et considèrent comme caractéristique du cépage), je parle de cette dominante vraiment hydrocarbure (ni craie ni minérale) qui peut dominer la palette aromatique du vin dès sa jeunesse. Lorsque cette dominante prend place, oui nous pouvons dire que nous sommes face à un défaut du vin. Dans le passé, lorsque le vinificateur n’avait pas les moyens techniques et la connaissance de maitriser au mieux pressurage et débourbage – très probablement une partie importante des rieslings avaient cette signature pétrolée – cette dominante pouvait être considérée comme caractéristique ou typique.


- un commentaire de Patrick Bottcher sur son blog Vins Libres :
Tout d’abord, tordre le coup à une idée préconçue : le pétrole n’est pas un arôme variétal du riesling, cela paraît très clair. On serait plutôt sur du floral et des agrumes, surtout les seconds dans les régions plus septentrionales, avec une note citrique qui est souvent dopée par la présence de sulfites ajoutés.
(...)
De récents contacts avec deux vignerons qui me sont chers, il semble bien que le pétrole (ou autres arômes apparentés) apparaît sur le riesling, terroir ou non, sur des vins de maturités moyennes où notes muscatées qui se transforment vite en quelque chose de plus hydrocarburé signent souvent le vin, et là, Chapoutier marque un point.
Il marquerait bien un autre point quant au fait que ces arômes apparaissent bien plus classiquement quand le moût est très travaillé, trituré : vendanges mécaniques, foulages et pressurages pas très doux semblent bien être des facteurs aggravants.



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Re: Riesling : Le pétrole est-il un défaut ?

Messagepar Greg v » 26 janv. 2016 00:12

Ca me fait bien marrer qu'on dise que ce n'est pas un arôme variétal du riesling, ou alors il faut qu'on s'accorde sur la définition de variétal.



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Re: Riesling : Le pétrole est-il un défaut ?

Messagepar EricC » 26 janv. 2016 00:13

On continue ...

Dans cet article The Riesling Riot, quelques réactions de vignerons étrangers :
A few days after this donnybrook erupted, I met three German winemakers to discuss their Riesling. Since Riesling is the German grape par excellence, they had decades of collective experience growing the grape and little time for Chapoutier. “Petrol is actually a sign of good quality of the wine,” said fifth-generation winemaker Fritz Hasselbach, of Weingut Gunderloch. Fritz’s colleague Rainer Lingenfelder of Weingut Lingenfelder added, “Petrol is always a sign for slate vineyards.” This is why petrol is often found in the wines of the Rheinhessen and (especially) the Mosel regions of Germany, where slate abounds.
I got a similar answer when I spoke with John Howard, the principal of Megalomaniac Wine in Vineland, Ontario.
(...)
“He isn’t a winemaker. He’s an idiot,” said John when I asked him about Chapoutier. “The Mosel. The Saar. The Ruwer. All of the terroir there is slate sub-strata in the hills that line those rivers. You can make the argument that this is the best Riesling in the world. I don’t think you can argue with that.” When I asked him what a winemaker could do if he wanted to shed a petrol flavour, he said, “You can grow Riesling in Afghanistan and you won’t have that problem. Don’t grow it on slate.”


Pour Philippe Barret, sur le blog Idealwine, l'explication est claire et nette :
L’histoire du nez “typique” du riesling ressemble furieusement à celle du sauvignon. En fait, ce que tout le monde prend pour une typicité du célèbre cépage n’est tout simplement que la marque d’une maturité insuffisante, de rendements pléthoriques et/ou d’une vendange trop “triturée” et trop extraite à la vinification, dégageant alors en grande quantité ces arômes pétrolés que les vignerons les moins scrupuleux vont vous faire passer comme “typiques” d’un riesling issu d’un grand terroir “minéral”. Soyons justes : le riesling est un cépage qui peut effectivement développer de légères notes pétrolées car il possède en lui une molécule, le Trinitrodimethyl Napthlène (TDN), qui appartient à cette famille d’arômes. Mais on parle bien de touches pétrolées, pas d’une odeur de raffinerie ! Méfiez-vous donc des rieslings, surtout très jeunes, trop marqués par un nez d’hydrocarbure exacerbé. Ce n’est vraiment pas bon signe !


Sur Wines In Niagara, quelques commentaires de Pierre Trimbach, tout d'abord en public :
“When we are talking about petrol,” he said, “it is the noble evolution of the wine after 10 years or more. Petrol is not a good term. Now we say ‘minerality.’ ”
Trimbach says, and I tend to agree with a guy who’s got bottles of Riesling in his cellar dating back to 1834, that petrol in a young wine is actually reduction in the wine caused by grapes that have suffered from dryness and competition during drought conditions.

... puis, davantage en "off" :
First of all, “Mr. Chapoutier isn’t from Alsace,” he said. Ouch!
Second of all, Trimbach said, petrol is not a term used much in Alsace anymore because it’s taken on “negative” connotations. “We don’t talk about petrol (in young wines), we talk about reduction,” he said. “In that Mr. Chapoutier is correct.” The lovely petrol-like aromas that emerge in older Rieslings, he said, after a minimum of five years in bottle, is actually minerality that evolves in the bottle.
He said those petrol notes in a young wine are reductive imperfections in the wine caused by water stress and grapes planted in the wrong type of soil (limestone and calcareous soils are the best for producing the “good” minerality notes). It is not, he stressed, from poor winemaking techniques in the winery, as Chapoutier contends.



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Re: Riesling : Le pétrole est-il un défaut ?

Messagepar Greg v » 26 janv. 2016 00:15

C'est le commentaire de Philippe Barret qui me plaît le plus.



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Re: Riesling : Le pétrole est-il un défaut ?

Messagepar EricC » 26 janv. 2016 00:25

Sur le forum La Paulée de nos cousins québecois, sont repris des propos de Thierry Meyer sur feu DC :
Fumée, suie, camphre, encaustique, menthe sèche, thé, et surtout fleur d'acacia et autres notes balsamiques se rencontrent souvent dans les rieslings de terroir calcaire, a fortiori les vieux. d'accord. Mais gasoil ou pétrôle, ce n'est pas la marque des vins de la maison. S'il faut trouver un marqueur de terroir, je proposerai le suivant : les rieslings du Rosacker ont généralement des notes de fleur d'églantier quand ils sont jeunes.
Un Clos Ste Hune qui sent la gasoil est donc une bouteille à défaut. J'ai eu quelques 91 et 92 qui étaient évolués et qui pétrolaient méchamment, mais par rapport aux meilleures bouteilles bues, elles étaient clairement défectueuses.
Il faut reconnaitre malgré tout une mise en condition pour tous ceux qui pensent que le riesling doit pétroler, et que pour être un dégustateur averti il faut absolument "trouver" ces notes là. D'où l'aptitude qu'ont certaines personnes de sentir le pétrole parfois même avant qu'on ouvre la bouteille, au même titre qu'ils sentent la banane dans le beaujolais nouveau. Ce sont les mêmes personnes qui "sentent" le sucre résiduel rien qu'à l'examen visuel quand elles goûtent des vins de Rolly Gassmann. Une sorte de voyance vinique.


Encore chez les québecois, cette fois sur le forum Fouduvin, quelques liens ont disparu, mais il en reste qui pointent notamment sur :
- le blog du GJE : Alsace et pétrole...
- le très bon article du toujours intéressant Marc-André Gagnon (encore un québecois !) : le pétrole dans le riesling



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Re: Riesling : Le pétrole est-il un défaut ?

Messagepar Sebovino » 26 janv. 2016 07:28

Sans citer les différentes sources présentes sur ce fil, bien que mon avis du moment piochera içi ou là:
( bon allez ok, j'apprécie lire M-A Gagnon...)

Il me convient de définir ce que j'appelle défaut.

- défaut aromatique, défaut subjectif: J'aime l'odeur de l'essence en station service, celui du riesling étant plus subtil, a priori je l'aime et ne le vois pas comme un défaut. Comment pourrais-je si mon nez donne sourire à ma bouche? ET bien non, enfin oui, enfin pas toujours.

- défaut technico-aromatique: Peut-on aimer un arome issu d'une faute du vigneron? Oh le méchant! Admettons que la faute soit avérée, connaissance scientifique oblige, il a vendangé trop tot, il a trituré les baies, il les a mal élevé (...). Cet arome est donc là, sous notre ( nos) nez, que dis-je, les aromes aussi nuancés et nombreux que les couleurs du cercle chromatique s'affolent sous des nez d'individus aux perceptions aussi différentes qu'aux humeurs variables. Le défaut devient complexe a verbaliser. D'autant qu'il me fait penser à son cousin bourguignon: la réduction. Grandeur aromatique pour certains et défaut pour d'autres.

Riesling pétrochimique et chardonnay oeuf brouillé. La vérité se situe souvent au milieu des guerres de chapelles.

A mon gout, la famille de l'arome pétrole, ses variantes, déclinaisons, affiliations n'ont d'intéret que dans un ensemble de saveurs, d'aromes et du sacro-saint toucher de bouche.

Sur les riesling jeunes et adolescents ( 1,2,3 jusqu'à 5-8 ans), j'attends une expression fruitée, agrumée voir florale, saline si possible monsieur et toujours dynamique. La noble amertume ( expression pompeuse pour dire que MOI j'aime bien) dans sa juste dose ( indexée à la subjectivité des seuils de perceptions de tout un chacun) m'inspire également beaucoup. Et pour finir, il était temps, je ne suis pas contre une fine et complexe présence d'un des aromes du "pétrole". Subtile présence, celle que l'on retrouve en fin de nez, arrière plan, second nez, planquée et terrorisée derrière un matelas d'aromes plus convenus et frais.

Sur les riesling avec quelques cheveux blancs, j'accepte plus facilement un pétrole plus manifeste. Mais est-ce raisonnable de ne pas accueillir l'inévitable? Peut-on repprocher à un chenin de Savennières de 15 printemps d'etre miellé? J'en ai pas l'envie.

En revanche, la réduction, le miel, le pétrole dans un contexte mou, court, monolithique et le défaut devient faute de gout. C'est un peu comme la grossièreté et la vulgarité, on les tolère plus facilement chez l'adulte qu'en prime jeunesse et d'autant plus quand l'adulte manie la langue avec profondeur. Le pire mot ou arome vient se caler dans un ensemble complexe et maitrisé.

Bon ceci dit, on a qu'à tout metttre sur le dos du TERROIR. Comme ça point de défauts, que des qualités typiques du lieu, les notes d'hydrocarbure ont la gueule de leur terroir.

Bref les énergies fossiles retournent sous terre, c'est encore là que je les préfère.

NB: j'ai oublié de parler des défauts mis en exergue par le marketing, la mode, la restauration, les intérêts oenologiques. Bontempi.



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Re: Riesling : Le pétrole est-il un défaut ?

Messagepar EricC » 26 janv. 2016 19:18

Je ne sais pas ce que tu fumes à 7h30 du mat', mais c'est pas homologué ...



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Re: Riesling : Le pétrole est-il un défaut ?

Messagepar EricC » 26 janv. 2016 20:50

Histoire de boucler la boucle, on retombe peu ou prou sur l'explication donnée dans le premier message d'Arnaud (ici) en lisant ce message sur LPV (), qui relate le passage d'une revue spécialisée dans les accessoires de plage dans laquelle un professeur émérite affirme que :
"There seems to exist a lively discussion these days about petrol notes in Riesling wines. Some say its cause is an infection of Brettanomyces, others assert it is because of unripe grapes and/or a mistake during winemaking. This is not true. As professor Hans Reiner Schultz states in his article "The future of German Riesling" in TONG's German Riesling issue: "Science has not yet fully explained the cause of TDN and its resulting kerosene aromas. In general, TDN levels in Riesling grapes, which is present in the grape flesh, rise when the grapevine experiences drought, heat and nitrogen deficiency. This appears to indicate that TDN is connected to stress. Its content is linked to sugar increase, and so its level rises with grape ripening, especially in hot climates. But different clones and different yeast strains during fermentation can enhance the level of TDN in grapes and must. One of the most easily measurable parameters is temperature and sun exposure. When directly exposed to sunlight, and when the leaves have been removed in the fruit zone, Riesling grapes have much higher levels of TDN than shaded grapes. Other research has found that TDN levels decrease when the pH of the grape juice rises. In general, this is linked to soil fertility and nutrient availability, especially nitrogen and potassium. The higher the nutrient availability, the lower TDN levels appear to be. TDN is clearly linked to viticultural management, and winegrowers can substantially influence its levels in grapes."

En résumé le composé présumé coupable (le TDN) voit sa concentration augmenter quand la vigne est stressée (excès de chaleur, de sécheresse, déficit d'azote ...). Le TDN augmente du coup lorsque la vigne est effeuillée. Enfin le TDN semble corrélé avec l'acidité : il est plus faible lorsque le PH est élevé.



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Re: Riesling : Le pétrole est-il un défaut ?

Messagepar ArnaudV » 26 janv. 2016 22:26

Le pétrole est souvent présent dans le riesling. Mais pourtant il arrive de sentir des notes pétrolées dans le Chenin et même parfois dans le Grenache Gris.

Ce n'est donc pas qu'un arôme variétal. Il y a des d'autres facteurs qui doivent favoriser le développement de ces arômes. Je converge avec le dernier message d'Eric.
EricC a écrit :En résumé le composé présumé coupable (le TDN) voit sa concentration augmenter quand la vigne est stressée (excès de chaleur, de sécheresse, déficit d'azote ...). Le TDN augmente du coup lorsque la vigne est effeuillée. Enfin le TDN semble corrélé avec l'acidité : il est plus faible lorsque le PH est élevé.



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Re: Riesling : Le pétrole est-il un défaut ?

Messagepar Greg v » 26 janv. 2016 22:35

ArnaudV a écrit :Le pétrole est souvent présent dans le riesling. Mais pourtant il arrive de sentir des notes pétrolées dans le Chenin et même parfois dans le Grenache Gris.

Ce n'est donc pas qu'un arôme variétal. Il y a des d'autres facteurs qui doivent favoriser le développement de ces arômes. Je converge avec le dernier message d'Eric.


Je ne comprends pas ta démonstration ? Parce qu'on le retrouve dans d'autres cépages, ce n'est pas variétal ?
Et ben si, c'est variétal dès lors que dans ce cépage on retrouve le composé TDN. Ca n'empêche par le chenin d'avoir les mêmes marqueurs aromatiques.


Si le pétrole se retrouve plus sur les rieslings dont le PH est bas,je confirme que je préfère les riesling au moins légèrement pétrolés.



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Re: Riesling : Le pétrole est-il un défaut ?

Messagepar EricC » 26 janv. 2016 22:45

Olivier Humbrecht est d'accord pour dire que c'est un défaut ... sur les rieslings jeunes (publié sur Dr Vino en juin 2011, soit 1 mois après la déclaration initiale de Chapoutier) :
The petrol note sometimes found in young Riesling is a flaw according to Olivier Humbrecht. And we lack a better vocabulary for the petrol note that many Riesling aficionados cherish in older bottles.
The winemaker at Zind-Humbrecht in Alsace who makes 40 different wines a year commented in New York last week that the petrol note can be symptomatic of three things. The first is harvesting under-ripe grapes. Riesling needs 110 to 120 days to ripen, he says, and harvesting the grapes too early can lead to an undesirable aroma. Similarly, he says that machine harvesting can lead to off-aromas in the wine, generally called “petrol.”
(...)
Second, Riesling is prone to reduction, a condition devoid of fruit aromas, and this can be mistaken as “petrol.” Instead, it is simply not desirable. Winemaking decisions such as making the wine in airtight environments such as stainless steel or even old oak can, poor use of sulfur, or leaving the wine on the lees can make it prone to reduction.
(...)
Third, there is a desirable form of “petrol” in mature Riesling but Olivier says the term is “ill-chosen.” Given the choice, he would describe an earthy character as truffle instead of mold, as it’s a more desirable to choose term. Similarly, he prefers to think of mature Riesling as having a character of wet stones, minerals, sea air, or iodine, all of which are more pleasurable than the bottom of a diesel tank.


En résumé, pour Olivier Humbrecht, c'est soit de la sous-maturité, soit de la réduction ... soit c'est un terme mal choisi dans les vieux rieslings pour des notes qu'il semble vouloir qualifier de ... minérales :)



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Re: Riesling : Le pétrole est-il un défaut ?

Messagepar EricC » 26 janv. 2016 23:11

Allez, je continue sur le sujet, je suis en forme ... après je crois qu'on aura fait le tour : d'où vient le TDN ?
C'est expliqué dans le New York Cork report : "Pumped Up With Petrol: TDN and Riesling"

En résumé, le TDN n'est pas présent initialement dans le moût, mais vient de la décomposition des caroténoïdes, qui sont des pigments jouant le rôle de collecteurs de lumière et de protecteurs durant la photosynthèse. Et c'est pendant la fermentation que ces caroténoïdes se transforment en composés aromatiques.

Voici l'extrait de l'article en VO :
TDN itself is not often found in grape juice or in young wines. It originates from the gradual breakdown of protective plant molecules generally known as carotenoids.
Carotenoids are pigments that absorb light. They are important in leaves to support photosynthesis (and once the chlorophyll is gone from leaves in the fall, they give the leaves their oranges, yellows, and reds). In the berries themselves, these compounds absorb UV rays that would be harmful to the DNA and other cellular components.
Think of carotenoids as grape sunscreen. When UV light is high (i.e., in a year with lots of sunlight) carotenoids will build up during berry development to shield the cells from the harsh rays. Near the end of the growing season, the molecules break down into smaller components, some of which are precursors to very powerful aroma compounds, some of which are detectable in the parts-per-billion (micrograms/L) range.
These aroma compounds are often bound to sugar groups and known as glycosides when found in the must. Glycosides are not aroma-active, so they won't be observable by smelling or tasting the must per se. However, during fermentation, yeast enzymes liberate glycoside-bound aroma compounds, helping to create the complex bouquet that we love about wine.
So carotenoids can break down to form potent aroma compounds (1) during a hot harvest season or (2) by slow degradation of the compounds in the bottle over time. In a few years, a 2006 (from a cooler, wetter year) riesling may start to develop some TDN due to the bottle age, but some 2007s have already got some now due to the hot, sunny coditions. TDN formation can also correlate with water stress (and in some cases, atypical aging) but right now it's not clear whether the two are related or distinct phenomena.



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Re: Riesling : Le pétrole est-il un défaut ?

Messagepar Sebovino » 27 janv. 2016 00:56

Voici ce qu'écrivait Eric en 2013: ( je l'aide à compiler ses propres oublis :) )

Je ne sais pas s'il faut ranger ça dans la rubrique "riesling" ou "Ostertag", mais je viens de lire le passage suivant chez Jacques Perrin, dans la bouche d'André Ostertag, à propos du "goût de pétrole": 

fuyez-le ! Ce sont des arômes de manque de maturité et aussi le résultat d’un pressurage trop fort. Et la troisième origine, c’est qu’il y a des terroirs qui prédisposent à ce genre d’arômes, les schistes, les argilo-calcaires. C’est dommage de réduire le riesling à cela, au pétrole. C’est une caricature du riesling.


L'ENTRETIEN est très intéressant


Voici ce que j'écrivais en 2013:
( ouf bibi est cohérent avec ce qu'il dit en 2016 :) )

Ce que je remarque, c'est que certains riesling, essentiellement sur les villages, ont ce nez de litchi, de poire, de pétrole avec une bouche assez tendre et large au milieu. C'est cette première étape qui me déplaît. Du volume, de l'imprécision, un manque de droiture. Heureusement, il y a souvent ce petit regain d'acidité en finale.


Ce n'est pas tant l'intensité du fruit ni même la nature du fruit ou de l'arôme qui me dérangent ( bien qu'il ne faille pas me mettre sous le nez une décoction de pétrole comme certains bordelais savent si bien le faire avec le bois ), c'est le manque de tension du début à la fin. 


Bref, aujourd'hui, je ne peux que souscrire à la problématique des dérivés des caroténoïdes (puisque expliquée scientifiquement); le TDM est décrit par l'arôme de kérosène ( à ne pas confondre avec les subtiles arômes, dont j'ai parlé plus haut, de fumé ou goudron ), forte odeur de pétrole dirons nous. A noter que le seuil de perception du TDM est de 20 ng/litre, pour 800 ng/l pour la violette de la syrah par ex. Et la teneur de cette TDM dans le vin blanc se situe autur de 50-100 ng pour...3000-4000 sur les rouges. On sait aussi et les liens d'Eric le rappellent, que le TDM perceptible, prématuré et entêtant sont la manifestation d'une vendange peu mûre ou d'un jus trop fortement pressé dont les pires substances végétales seraient extraites.

Pour rappel, seuil de perception: c'est la quantité la plus faible du composé ( ici ce TDM hydrocarbure) permettant de la caractériser et d'affirmer: il y a une odeur de pétrole.

A ne pas confondre avec le seuil de sensation qui lui permet d'évoquer une odeur, sans préciser laquelle.




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