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[Greg v]

Parce que Webovino est un forum très cultivé

[Greg v]

Bouchet : ces papes qui régnèrent aussi sur le vin

Clément V (1305-1314), jamais sans son vin !
Propriétaire d'une vigne (l'actuel Château Pape Clément), il arriva pour son sacre suivi par vingt tonneaux (218 litres par tonneau, tout de même...) de vin nouveau qui lui avaient été offerts par le roi d'Angleterre. Après quatre années d'itinérance (le lot de la cour de cette époque), il se fixa au couvent des Dominicains d'Avignon. On lui doit d'avoir fait planter le premier vignoble pontifical, à Malaucène, près de la fontaine du Groseau. La légende dit qu'il voulut se soigner avec un plat d'émeraudes pilées dans du vin et qu'il en... mourut !

Jean XXII (1316-1334), le père du Châteauneuf-du-Pape
Un grand amateur de vin, ce souverain ! Pour ce qui est du vin nouveau, il le fait venir de Tournon (Hermitage), des Costières (Saint-Gilles, Nîmes, Beaucaire), de la Provence (Aix-en-Provence, Saint-Rémy-de-Provence, Noves), de la Côte du Rhône (Roquemaure, Saint-Laurent-des-Arbres), de l'Etat d'Avignon (Bédarrides, du Comtat Venaissin (Carpentras) et de l'Enclave de Valréas. Parait-il, c'est même pour son vin qu'il acheta Valréas. Ajoutez la Commanderie de Richerenches, Cairanne, Buisson, Bompas et Solérieux... C'est qu'il fallait agrandir le Comtat, grenier d'Avignon...
Côté vin vieux, Jean XII préfère du Malaucène. fait remarquable, il fit planter des vignes à Châteauneuf-du-Pape. Selon les calculs de spécialistes, 8 hectares qui donnèrent 12 tonneaux dès 1325. Le château devint sa résidence d'été, le pape n'oublia pas de soigner son environnement proche : 25 hectares d'oliviers et de vignes.

Etc (...)

[Greg v]

L'INRA publie tout un dossier sur l'archéologie du vin !


http://www.inrap.fr/dossiers/Archeologi ... tankPnhDIU

On y apprend qu'on trouvait du raisin à Nice, bien avant la naissance de François Audouze, il y a 400.000 ans.

[Greg v]

Le vin au-dessus des clivages

Les politiques trinquent à la santé des électeurs et se préoccupent de la santé financière du lobby vigneron. Si la relation entre les politiques et le vin demeure étroite, pour les amateurs, le vin n’a pas de couleur.
Entre le vin et la politique c’est une vieille histoire, définitivement rendue clivante avec la révolution de 1789. Le vin de messe vacille et, sans retenue, on lève allègrement les godets à la santé du progrès républicain.

Convenons-en, vin et république font bon ménage, non sans parfois quelques excès dans les temps du vin-aliment bu à grandes rasades.

Après les « communards », Léon Gambetta, lui-même, en 1881, salue sans retenue le syndicat des vignerons : « votre profession a contribué au progrès de la démocratie »?! Rien de moins, et pendant ce temps Marianne remplace Saint-Vincent comme à Auxey-Duresse en Bourgogne ou à Saint-Amand-Montrond (Cher). Avec la sociale, les relations se resserrent encore plus comme le chantera Bruant.

Le grand Jaurès ne baisse pas le ton. Inaugurant la cave de Maurissan, il invite les vignerons « à verser dans la cave les vendanges de la la révolution sociale ».

La révolte de ces vignerons du Languedoc, version « raisins de la colère », se grave dans cette tradition d’indépendance radicale qu’Auguste Rouquet écrira avec sa Marseillaise des viticulteurs : « de notre vin nous voulons vivre ». Vin nationaliste et vin du poilu contribueront à cet ancrage. Vin d’aristocrate, vin de bourgeois, vin de paysans ou d’ouvriers, tous, dès avant l’ivresse, plongent dans l’engagement.

Aujourd’hui, au temps du vin de fête, vers quel bord tout cela penche?? Beaucoup de vignerons fricotent avec les politiques et les verres basculent souvent à droite dans une version défense des valeurs rurales. Mais laissons l’hémicycle et observons les grands courants politiques selon Tocqueville ou Durkheim pour comprendre la démocratie du vin.

Conservateur le vin?? On qualifie souvent ainsi la filière à partir de la pérennité du champagne et des grandes propriétés bordelaises. Ça ne colle plus à la réalité tant vignerons et amateurs se remettent en question, élèvent et dégustent sans a priori, dégagés du poids de l’histoire. Le développement rapide de la biodynamie et la prise de conscience des questions environnementales et sanitaires donnent le cap du changement.

Révolutionnaire alors le vin?? Nous connaissons certes plusieurs vignerons et buveurs en Rhône, Loire et Beaujolais, adeptes de « l’épaulé-jeté » sur fond d’« Internationale » mais le temps des gros rouges est révolu.

Le « libre buveur » devient un esthète à la recherche de chinon ou de languedoc tout en finesse après des élevages fins.


Réformiste donc?? Non, le vin est trop affaire d’engagement et de prise de position tranchée entre l’art de cultiver un grenache dans les cailloux de Châteauneuf ou un pinot dans la côte de Gevrey, ou encore d’utiliser le fût de chêne sessile de Tronçais.

Pas de possibilité de petits arrangements et autres compromis, version IVe République?! Une certitude : vignerons et amateurs sont engagés, plus que suivistes?! Finalement, le vin n’est-il pas trop riche de paradoxe pour se classer?? La grandeur d’un vin réside plus dans sa complexité que dans son exubérance et du coup interdit tout positivisme.

Pour reprendre le sociologue Edgar Morin, « le vin est un phénomène humain qui ne s’épuise pas dans une seule discipline ». Il est au-dessus des clivages. Républicain donc libre, ouvert à tous et fraternel?!

Jean-Yves VIF