Réchauffement climatique et vin font-ils bon ménage ?
Posté : 24 juin 2016 20:51
Un très bon article du Point du 4 septembre, dans lequel l’hebdomadaire ‘Spécial Vins 2014’ donne la parole à l’INRA au sujet des effets climatiques sur la vigne, m’a donné envie de m’intéresser de plus près à ce débat: réchauffement climatique et vin font-ils bon ménage ?
A l’instar du Bourgueil de Pierre et Catherine Breton, l’une des conséquences directes du réchauffement climatique est la production de vins plus forts, tanniques et charpentés, dont les grammes de sucre et le degré d’alcool n’ont eu de cesse d’augmenter: 10°C dans les années 1970 contre 14°C à l’heure actuelle. Certes, cela n’est pas la seule raison, comme le souligne Le Point: “la réduction des rendements, l’augmentation de la hauteur de palissage de la vigne […], la recherche de la forte maturité ont sans doute amélioré la qualité des vins, les rendant surtout plus faciles à boire dans leur jeunesse, mais ont contribué à faire grimper l’alcool.” Mais personne n’ose le contester: le réchauffement modifie la vigne. Et l’article du Huffington Post n’incite pas à l’optimisme: 89% du vignoble européen pourrait disparaître, dont la majorité du pourtour méditerranéen. Au revoir Toscane, Andalousie et Bordelais…Bonjour Suède, Russie et Pologne ! Et oui, un déplacement vers le Nord s’opérerait. C’est pourquoi, une équipe d’une centaine de chercheurs français (nommée Laccave…) travaille sur les conséquences du changement climatique à long terme (2050) sur la vigne. Et Nathalie Ollat, ingénieur à l’INRA, n’y va pas quatre chemins: “Les simulations prévoient une hausse des températures de 1,5 à 2°C d’ici 2050, voir 5°C d’ici la fin du XXIe siècle”. Alors, est-ce-que tout ça est inquiétant ? Pas forcément, si on anticipe les changements: vendanges avancées, diminution de l’approvisionnement en eau, modification des arômes du raisin, apport de nouvelles maladies et disparition de certaines. C’est pourquoi cette équipe pense à:
– de nouvelles technologies: comme le note National Geographic, “l’Inra a associé des membranes utilisées pour le dessalement de l’eau de mer à des membranes en polypropylène. Ainsi le vin qui transite par ces filtres synthétiques ultrafins perd jusqu’à 2° d’alcool.”
– de nouvelles règles: rappelons, par exemple, que l’irrigation est interdite en France entre la véraison et la récolte et reste donc une variable d’ajustement.
– réaménager les espaces en replantant en hauteur comme Olivier Jullien dans le Languedoc. Ou d’autres imaginent de planter des nouveaux cépages plus résistants.
Toutefois, le discours du sommelier Fabrizio Bucella tranche et tend à rassurer les plus angoissés. Cité dans le Huffington Post, il rappelle par exemple que les cépages bordelais (Cabernet Sauvignon et Merlot) s’adaptent aux climats plus chauds, si l’on pense aux superbes vins réussis dans le Nouveau Monde. De même, la revue britannique Nature a publié en décembre 2012 un constat sur la baisse d’activité du Gulf Stream, qui aboutirait alors à l’effet inverse: un refroidissement de l’Europe de l’ouest. Quoiqu’il en soit, changement il y a eut et changement il y aura. La viticulture n’en est pas à sa première adaptation. Alors faisons confiance à l’instinct humain qui sait se montrer efficace et performant. En attendant, si la chaleur est vraiment un problème, j’ai une idée pour les vendanges…
Article original:
http://etlevinfut.com/rechauffement-cli ... on-menage/
A l’instar du Bourgueil de Pierre et Catherine Breton, l’une des conséquences directes du réchauffement climatique est la production de vins plus forts, tanniques et charpentés, dont les grammes de sucre et le degré d’alcool n’ont eu de cesse d’augmenter: 10°C dans les années 1970 contre 14°C à l’heure actuelle. Certes, cela n’est pas la seule raison, comme le souligne Le Point: “la réduction des rendements, l’augmentation de la hauteur de palissage de la vigne […], la recherche de la forte maturité ont sans doute amélioré la qualité des vins, les rendant surtout plus faciles à boire dans leur jeunesse, mais ont contribué à faire grimper l’alcool.” Mais personne n’ose le contester: le réchauffement modifie la vigne. Et l’article du Huffington Post n’incite pas à l’optimisme: 89% du vignoble européen pourrait disparaître, dont la majorité du pourtour méditerranéen. Au revoir Toscane, Andalousie et Bordelais…Bonjour Suède, Russie et Pologne ! Et oui, un déplacement vers le Nord s’opérerait. C’est pourquoi, une équipe d’une centaine de chercheurs français (nommée Laccave…) travaille sur les conséquences du changement climatique à long terme (2050) sur la vigne. Et Nathalie Ollat, ingénieur à l’INRA, n’y va pas quatre chemins: “Les simulations prévoient une hausse des températures de 1,5 à 2°C d’ici 2050, voir 5°C d’ici la fin du XXIe siècle”. Alors, est-ce-que tout ça est inquiétant ? Pas forcément, si on anticipe les changements: vendanges avancées, diminution de l’approvisionnement en eau, modification des arômes du raisin, apport de nouvelles maladies et disparition de certaines. C’est pourquoi cette équipe pense à:
– de nouvelles technologies: comme le note National Geographic, “l’Inra a associé des membranes utilisées pour le dessalement de l’eau de mer à des membranes en polypropylène. Ainsi le vin qui transite par ces filtres synthétiques ultrafins perd jusqu’à 2° d’alcool.”
– de nouvelles règles: rappelons, par exemple, que l’irrigation est interdite en France entre la véraison et la récolte et reste donc une variable d’ajustement.
– réaménager les espaces en replantant en hauteur comme Olivier Jullien dans le Languedoc. Ou d’autres imaginent de planter des nouveaux cépages plus résistants.
Toutefois, le discours du sommelier Fabrizio Bucella tranche et tend à rassurer les plus angoissés. Cité dans le Huffington Post, il rappelle par exemple que les cépages bordelais (Cabernet Sauvignon et Merlot) s’adaptent aux climats plus chauds, si l’on pense aux superbes vins réussis dans le Nouveau Monde. De même, la revue britannique Nature a publié en décembre 2012 un constat sur la baisse d’activité du Gulf Stream, qui aboutirait alors à l’effet inverse: un refroidissement de l’Europe de l’ouest. Quoiqu’il en soit, changement il y a eut et changement il y aura. La viticulture n’en est pas à sa première adaptation. Alors faisons confiance à l’instinct humain qui sait se montrer efficace et performant. En attendant, si la chaleur est vraiment un problème, j’ai une idée pour les vendanges…
Article original:
http://etlevinfut.com/rechauffement-cli ... on-menage/