Rémy Gresser a même conçu une approche globale du vignoble régional basé sur la répartition claire entre deux types de vins : ceux qui sont marqués par leur terroir d’origine et les vins « industriels ». La réflexion du vigneron dépasse ce simple énoncé pour envisager la question de manière globale.
« Les vins de terroir doivent être ceux qui témoignent d’une empreinte maximale de leur sol d’origine. Ils doivent être élaborés par des vignerons soucieux de protéger l’environnement pour conserver au terroir son intérêt spécifique et son identité particulière. Ce sont des vins qui doivent pousser les dégustateurs à réfléchir, à s’interroger sur son origine, le vigneron qui l’a créé. Au contraire le vin industriel donne des réponses claires à des questions simples. Par exemple, quelqu’un recherche un vin pour accompagner des grillades d’été entre amis, pour un prix donné : il doit trouver au supermarché un produit conforme à son attente. De bonne qualité, sans défaut et sans surprise non plus », lance d’entrée Rémy Gresser.
(...)
« Il faut accepter ce qualificatif qui n’a rien d’offensant ou de dévalorisant. Il ne faut pas gérer ce propos comme une atteinte au travail de certains ni comme l’expression d’une rivalité », espère-t-il.
sebovino a écrit :Kritt Gewurztraminer 2010
frais, fin, pas caricatural du tout.
sebovino a écrit :Voici les vins en vente au domaine en 2012. Peut être quelques évolutions depuis...Quoi qu'il en soit, j'encourage le passage au domaine tant pour les vins que pour ce que Rémy Gresser a à raconter.
"Ceci dit, quand on dit « le vignoble est dans ma famille », c’est une autre manière de voir les choses. En Alsace, nous n’avons jamais eu le droit d’aînesse ; à chaque génération, la propriété des parents était divisée par le nombre d’enfants. Je ne sais donc pas combien du domaine que j’occupe aujourd’hui était déjà dans ma famille il y a un, deux ou trois siècles. Ce fut partagé et ensuite racheté. Je rachète aujourd’hui des vignes de cousins et de petits cousins qui ne sont plus dans la viticulture. C’est une évolution très alsacienne où à chaque période il a fallu partager et diviser les vignes en nombre d’héritiers. Ce qui n’est pas le cas dans le sud de la France ou de l’Europe, où le droit d’aînesse était en vigueur : l’aîné recevait l’ensemble du domaine. On peut dire que le domaine dans sa totalité, ou au moins le cœur du domaine, appartient à la famille depuis des siècles. Nous sommes certains d’être là depuis 1575 et mêmes certains que les premiers sont arrivés en 1399. Cependant, dire que le pied de vigne ou la parcelle que je taille aujourd’hui est toujours dans ma famille depuis cette époque-là, je ne m’avancerais pas."
"Dans les pays anglo-saxons, on buvait soit des vins légers et fruités au « wine bar » avant de rentrer chez soi, le principe même du « Winstub » à Strasbourg, ou alors on ouvrait avec le dessert un vin liquoreux ou moelleux quand on recevait des amis. D’ailleurs, encore aujourd’hui, 50% des Anglais n’ont pas de table à la maison où tout le monde peut s’asseoir, prendre place et manger ensemble. Il y a trente ou quarante ans, les Allemands n’invitaient pas à déjeuner, ils invitaient au dessert. Automatiquement, avec un dessert, on sert des vins moelleux liquoreux, alors que sur les entrées, les suites ou les poissons on va mettre des vins secs. C’est pour cette raison que l’Alsace produit des vins de style français ou latin qui conviennent extrêmement bien aux repas, et ceux moelleux et liquoreux aux grains nobles qui sont dégustés en dehors des repas. Nos ancêtres ont eu l’intelligence de conserver des deux côtés du Rhin ce qui est le plus intéressant."
"En 1971, la France a choisi de construire une centrale nucléaire sur le Rhin (ndlr. Fessenheim). A l’époque, en France, il n’existait pas de mouvement écologiste. Nous n’avions pas en France, à ce moment-là, cette sensibilité, cette attention liée à l’environnement. En 1971, autour du chantier de construction de la centrale, se sont organisées des manifestations avec des partis écologistes, dont les Verts allemands, les Verts suisses. C’est là que s’est créé le parti des Verts en France. Ici, en Alsace, nous sommes dans une vallée qui connaît une grande densité de population et la plus grande densité industrielle en Europe. Nous sommes aussi sur la nappe phréatique l’une des plus importantes réserves souterraines en Europe. Tout ces éléments font que les Alsaciens ont pris conscience de l’importance de la nature et se sont posés la question de comment à la fois assurer des revenus, des productions et mieux respecter l’environnement. La seule voie possible est celle de consacrer plus de temps à observer sa vigne, observer la nature et adapter ses procédés de production aux particularités de l’environnement."
sebovino a écrit :
Dégustation en 2012 au domaine
Moenchberg Grand Cru Riesling 2006
Beau nez, bel équilibre sur les agrumes, pas d'hydrocarbure, très beau vin.
Retourner vers « Vins d'Alsace »
Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 4 invités