La solera en version champenoiseÀ Jeres, son berceau, on superpose les fûts sur plusieurs rangées, la rangée du bas (solera) contenant les vins les plus vieux et la rangée du haut les plus jeunes. À chaque mise en bouteille, moins d’un tiers des fûts de la solera sont soutirés. Le creux créé est complété avec les barriques de la rangée située juste au-dessus et ainsi de suite jusqu’à la rangée supérieure complétée avec du vin jeune. Les fûts conservent ainsi une proportion infime des plus vieux millésimes.
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Le principe a également séduit quelques vignerons champenois pour l’élevage des vins de réserve de millésimes antérieurs. La maison Vazart-Coquart à Chouilly a ainsi opté dès 1982 pour la version simplifiée de la solera, baptisée « réserve perpétuelle » en Champagne. Ici, pas de superposition de fût : l’assemblage des millésimes se fait dans une simple cuve inox de plus de 200 hl. « Chaque année, nous renouvelons environ 40 % du volume de la cuve avec les vins de l’année, préalablement soutirés, uniquement des chardonnays », explique Jean-Pierre Vazart. L’assemblage est élevé sur lies fines, jamais soutiré et conservé à 12-13 °C depuis 33 ans. « C’est une méthode très simple d’utilisation mais qui demande une grande rigueur quant au choix des vins, à l’ouillage et à la surveillance. Et au moindre accident, c’est la catastrophe. » La réserve perpétuelle entre à raison de 25 % en moyenne dans l’assemblage du champagne brut sans année, en complément du vin de l’année et d’autres vins de réserve. « C’est l’âme de cette cuvée, qui permet de conserver une qualité très proche d’une année sur l’autre. »