Puisqu'on me l'a gentiment offert, je l'ai lu.
Ceux qui lisent régulièrement LPV n'y apprendront rien de nouveau : c'est une compilation des positions qu'il a déjà défendues, avec pas mal de redites au sein de l'ouvrage.
D'une manière générale, je suis bien en phase avec ses goûts personnels et sur certaines théories. D'autres me paraissent ridicules (comme la problématique de l'offre et la demande où il est dit que Mouton et Latour par exemple sont des monopoles car quelqu'un qui veut un Latour veut ça et rien d'autre, donc pas de concurrence entre les deux premiers GCC
. Il dit qu'ils peuvent fixer les prix qu'ils veulent, ce qui est une ineptie car, si Lafite a déjà réussi à vendre à 1.000 euros, il n'aurait pas réussi à vendre sa production à 5.000, si bien qu'il y a quand même une rencontre sur l'offre et la demande).
Pour Pérez, dès lors qu'on gagne plus d'argent que ce qui est déjà confortable, c'est de l'immoralité. Pourtant les producteurs de vin sont malgré tout des entrepreneurs et on ne peut les blâmer d'optimiser leurs gains, puisque c'est a priori le but d'une entreprise.
D'une manière générale, ce qui me choque chez notre ami Jéjé, c'est son intellectualisation à l'extrême du vin, qui est pourtant un produit de plaisir et de partage (un réflexe répandu chez les gens d'extrême gauche qui théorisent tout et font de tout un combat (c'est mon avis personnel que je partage avec moi-même
)). Comment peut on faire un livre sur le vin, en y répandant du fiel, mais sans jamais parler de partage, de plaisir ? Le mot plaisir est toujours remplacé par la notion intellectuelle d'esthétisme. On a l'impression que pour notre Jéjé national, c'est un peu un plaisir solitaire.
Enfin deux remarques très anecdotiques. Pérez dit par deux fois que les vins brettés de Bandol et Madiran ont longtemps été pris comme une typicité. Désolé, mais les notes de cuir ne sont pas toutes des défauts et ce sont bien des notes variétales du mourvèdre et du tannat. Pourquoi retrouverait on ces défauts de bretts précisément sur ces deux régions ? Parce qu'ils travaillent salement ?
Enfin sur la notion de terroir, j'ai eu l'impression que Jéjé était d'accord avec moi, à savoir que l'Homme, ses usages et traditions (innovations qui ont fonctionné) font partie intégrante de ce concept. Pourtant, à un moment, j'ai cru qu'il ne l'admettait pas ... Bref, il faudrait éclaircir ce point là.
Voilà. Un livre que je ne recommanderai pas spécialement, mais qui se lit sans ennui pour les amateurs que nous sommes.