"Terribles gelées 2016. Nous avons sans doute perdu la plus grande partie de notre récolte la nuit du 25 Avril. Abasourdis nous sommes..."
Le jour, le sol et les arbres emmagasinent l'énergie thermique provenant des rayons du soleil. Le sol et les arbres deviennent plus chauds que l'air ambiant et de ce fait ils rechauffent l'air. La nuit, une perte de température rapide par radiation se produit au niveau du sol et l'air plus chaud monte et forme une couche d'inversion.
Pendant une gelée de radiation, une tour antigel est utilisée pour aspirer l'air chaud dans la couche d'inversion et de le souffler dans le verger ou la vigne. L' hélice doit aspirer le maximum de quantité d'air possible et le souffler sur un maximum de distance.
Réunis pour tenir une conférence de presse, Jean-Michel Aubinel, président de la CAVB, Christophe Ferrari, président délégué, et Claude Chevalier, co-président du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne, n'affichaient pas la mine des grands jours. Après avoir rencontré dans la matinée les présidents d'ODG, les estimations des dégâts causés par le gel dans la nuit du 26 avril, et des deux suivantes, commencent à s'affiner. Ainsi, 23 % du vignoble bourguignon (6784 ha) est touché à plus de 70% ; 23 % (6669 ha), entre 31 et 70% et 54% de 0 à 30%. "Nous sommes bien face à gel exceptionnel et atypique", a rappelé Jean-Michel Aubinel en préambule. "La situation est grave, mais pas catastrophique, et une nouvelle réunion prévue fin mai début juin permettra de faire un nouveau point. Pour l'heure, il est difficile de parler de volume et de ce qu'on récoltera en septembre". Des mesures ont d'ores et déjà été prises, à commencer par la mise en place d'une cellule de crise à la préfecture, mobilisant tous les partenaires de la viticulture. Les ministères de l'agriculture et du travail ont été alertés. Sur le terrain, les professionnels vont se rapprocher de la MSA pour demander des exonérations, et la création d'un fond mutualiste est envisagée. Un travail sera également mené dans les prochains mois sur le prix des fermages. "Il s'agit du premier vrai gel depuis 25 ans", a poursuivi Claude Chevalier. "Aujourd'hui, il n'y a pas de stocks dans nos caves, ce qui va faire peur à nos acheteurs. Mais les vignerons et les négociants sauront privilégier leurs clients historiques".
S'il est pour l'heure impossible d'établir une cartographie village par village des pertes liées à ces gelées, certains secteurs "se distinguent", à l'image notamment du Chatillonnais, de Marsannay ou de Chassagne où 80 à 100 % des vignes sont concernées. "Aujourd'hui encore on constate des dégâts que l'on n'avait pas vu jusqu'alors", a précisé Jean-Philippe Gervais, directeur technique du BIVB. Reste à savoir comme se comporteront les contre bourgeons. "Ce sera plus délicat sur chardonnay que sur pinot noir", estime Jean-Michel Aubinel. "On voit déjà des contre bourgeons complètement grillés. Les travaux de printemps vont être beaucoup plus délicats pour préserver ce qui reste".
Cela faisait des années que la Bourgogne n’avait pas connu d’épisode de gel, et encore plus de cette ampleur. Une hydrométrie élevée et des températures négatives trois nuits d’affilées ont eu raison d’une bonne partie des jeunes feuilles et embryons de grappes qui avaient commencé à poindre sous les soleils printaniers. Même les anciens n’ont jamais vu cela : que certaines parcelles soient sensibles au gel, c’est bien connu, mais là, même des parcelles de premiers et grands crus en coteaux ont été décimées (alors que des endroits dits « gélifs » s’en sortent bien »).
Au premier rang des appellations touchées, on trouve les Hautes Côtes de Beaune, Chassagne-Montrachet et Meursault. Sur sa parcelle de Meursault en la Barre, Amand Heitz n’a aucun mal à estimer les dégâts : on ne perçoit que quelques pousses vertes au milieu d’un océan de pousses grises et sèches, grillées par le gel. « Cette parcelle est touchée à 80%, donc d’une part le travail pour essayer de remettre cette vigne en état pour l’année prochaine va être énorme, d’autre part le potentiel de récolte est réduit de 80%. Les anciens racontent que sur des vignes gelées comme ça, on ne récolte parfois qu’un seau de raisin par rang… »
"Une partie sud du Chablis (Courgis, Préhy, Chichée) et des vins de l'Auxerrois (Saint-Bris-le-Vineux, Irancy) ont eu de la grêle. Il y a de très très gros dégâts. De la même intensité qu'il y a quinze jours sauf que là, la grêle est tombée sur d'autres parties du vignoble", a rapporté Frédéric Gueguen, président de l'appellation des producteurs de Chablis. Le 13 mai, c'était la zone nord du vignoble qui était touchée par la grêle, avec 400 hectares concernés, soit environ 10% du vignoble. Fin avril, le gel sévissait, frappant 20% des vignes.
Une rencontre avec le préfet était justement prévue mardi sur ces deux premiers épisodes. "Nous allons mettre toute notre énergie pour obtenir la reconnaissance de la catastrophe naturelle", a ajouté le président de l'appellation.
« il faut que les pouvoirs publics jouent le jeu, car face à des événements climatiques de cette violence, c’est l’avenir de la viticulture qui est en question. Pour beaucoup de propriétés familiales, cela va être une question de survie, et si l’on met la clé sous la porte, c’est tout un tissu local qui est menacé, des métiers, des modes de vie »
EricC a écrit :Ca me laisse quand même un peu perplexe ...
A un moment donné soit on aide tout le monde soit on aide personne ...
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